lundi 29 juillet 2013

Subjectivité.

Quand mon chat Kappa et moi parlons d'amour.

- Suis-je amoureux, Kappa ?
- Mh ? Et puis, c'est quoi l'amour ?
- Ce qu'on veut en croire.
- C'est subjectif.
- Ce qui est logique, puisqu'on définit soi-même l'amour qu'on vit, d'après ce qu'il nous fait vivre !
- Puisque chaque relation amoureuse est unique ?
- Pas forcément unique (nous sommes 7 milliards sur cette planète, donc deux personnes vivent forcément des choses similaires).
- Je saisis, un peu, je crois.
- Dis ?
- L'amour, chacun le vit comme il le veut, et donc chacun se fait seul maître de la définition de sa relation.
- Tu saisis bien ! Même si certains ne se cassent pas la tête et copient plus ou moins ce qu'ils voient autour d'eux, dans les chansons, dans les films, ...
- ... ou dans des conversations comme celle-ci.
- Ils n'ont pas grand chose à en tirer.
- Mais ils le peuvent ; et pouvoir leur suffit, même s'ils n'ont pas de pouvoir à proprement parler ...
- ... à part le pouvoir de choisir leur définition de l'amour.
- Oui !, revenons à nos amoureux.
- Qui ne sont aucunement des moutons de Panurge, comme tu le prétends sûrement ...
- ... puisqu'ils ne suivent pas, et ne peuvent pas suivre, tout un schéma préétabli ...
- ... car il n'y en a pas ! Il n'y a que des grandes lignes, qu'on suit malgré soi.
- Dont les baisers, les câlins, puis, plus tard, faire l'amour et puis s'unir.
- Actions que chacun, là encore, interprète et définit et fait comme il l'entend.
- La logique humaine est suspecte.
- Elle ne l'est pas ! Tu dis ça puisque tu es un chat.
- Je ne suis pas un simple chat ! J'ai, moi aussi, des sentiments.
- Certes, mais comment appellerais-tu ces sentiments ? Comment les définirais-tu ?
- Aucune idée. Mais toi, alors, comment définirais-tu l'amour ?
- Je pense qu'il se vit plus qu'il ne se définit. Tel que l'amitié, qui, même si elle se vit différemment, se vit également plus qu'elle ne se définit
- C'est beau ce que tu dis.
- Sans prétention aucune, je pense avoir bien conclu notre discussion ...
- ... à laquelle il reste néanmoins quelques éléments à ajouter.
- Puisque rien n'est jamais fini.
- Ni éternellement figé.
- Même que vous, lecteur, vous pouvez donner votre avis sur la question. Tout le monde le peut.
- Certes.

mardi 9 juillet 2013

Langues.

Une langue. Quoi de plus banal ? Français, Anglais, Espagnol, Latin, Italien, langue des signes, espéranto, et j'en passe, bien sûr.

La langue, c'est le moyen de donner ses idées ; qu'elles soient vraies ou fausses, retentissantes, vides, erronées, faillibles, sentimentales, purement subjectives, futiles, clinquantes, pour rire, les idées sont toutes exprimées par n'importe quelle langue que ce soit.

La langue est aussi l'organe permettant de s'exprimer dans une langue ; mais qu'on utilise du papier, un écran ou sa langue pour communiquer, ça revient au même (à cette différence près qu'avec sa langue, on peut jouer avec les intonations).

La langue permet aussi d'exprimer des émotions, des sentiments, des sensations, des ressentis ; son expérience, un voyage, une absence, une excuse, un alibi ; elle est variée, elle est emplie de vocabulaire simple, compliqué ou usuellement banal, elle est complète, généralement complexe, mais forte et elle a son histoire.

Ma langue préférée est le Français ; certes, ce n'est pas original, quoique j'aurais pu préférer l'Anglais, mais soyons patriotes, voulez-vous ?
Tant de vécu, tant d'ajouts au fil des ans, tant d'accents, elle est variée, c'est un patchwork ; que dis-je ?, un ensemble de mots délicieusement ajustés.


On apprend des langues étrangères pour communiquer ses idées à un plus large public, pour augmenter le nombre de ses auditeurs, lecteurs ou spectateurs.

Le travail d'un traducteur est d'adapter un livre dans une ou plusieurs langues pour transmettre l'ouvrage et les idées qu'il contient à un nombre plus important de personnes ; mais le traducteur doit savoir retranscrire avec la plus grande exactitude les pensées de l'auteur, pour ne pas déformer, atténuer ou exagérer ce que l'auteur a voulu dire au départ.


Une langue peut tant exprimer !, tant faire, et tant défaire aussi, et tant raconter, tant adoucir, tant consoler, tant apprendre, tant observer, tant évoluer, tant dominer.

Cependant, une langue n'est pas forcément sonore ou visuelle ; elle peut être tactile. Les gestes sont la meilleure chose au monde ; les câlins, les caresses, les étreintes, les danses, expriment bien plus que des idées de sentiments ou de sensations : ils sont ces idées.

Là, le couple, sans mots, s'exprime. Il se câline, il danse un peu. Il exprime tout par les gestes, et par des langues silencieuses : les mains.

Sinon, non content de vouloir connaître toutes les langues, je souhaite en inventer une.
Inventer une langue ! Oui ! Pour être le seul à comprendre ce que j'écris. Ça donne un sentiment de puissance, un peu.

Et pour vous, quelle est la meilleure des langues ? Quelle est celle qui exprime au mieux chaque pensée ?

dimanche 7 juillet 2013

Poursuite.

Le ciel était dégagé, clair, pur, mais la chaleur pesante. Les murs des bâtiments alentour, sales, usés par le temps, usés par la pluie, usés par les gens, étaient d'une couleur reflétant leur âge, ils étaient d'un jaune pourri, d'un jaune constellé de traces noires et lourdes à regarder, et lourdes de vécu, et lourdes de passé.

Dans la rue, pareillement délavée, cassée, frottée par les années, j'entendais des pas, qui résonnaient, tintaient gravement sur le bitume.

La ville était plongée dans une léthargie somnolente, un oubli passager du temps ; tout semblait oublié par les secondes.

Les pas se rapprochaient rapidement mais doucement, si bien qu'on eût dit que les passants, pourtant seuls, voulaient ne pas être repérés. Puis ils me virent. Ils n'étaient plus seuls. Ils m'avaient trouvé.

Ils m'avaient trouvé.
Il me regardaient avec de la haine, cette haine profonde qui rivalisait de laideur avec les murs des bâtiments.
Et, soudain, paniqué, mes pas aussi se mirent à résonner sur le sol dur. La chaleur était physiquement et mentalement poisseuse, mais j'avançai.

Ils m'en voulaient.
La première fois, ils n'étaient que deux. Là, ils étaient trois. Ils ne m'avaient pas eu, et ils avaient donc augmenté leur effectif.
Là, j'eus peur de ne pas m'en sortir. Mais un petit espoir m'animait, m'allumait, me stimulait encore ; l'espoir qu'on a quand même lorsqu'on pense que tout est fini.

Je m'engouffrai subitement dans un bâtiment. Les murs étaient couverts de graffitis, usés eux aussi, et le couloir que j'empruntai était jonché de déchets puants. Mais je ne tint compte ni des dessins immondes sur les murs immondes, ni des odeurs immondes sur le sol immonde. J'avais peur, j'avançais.

Et j'arrivai au bout du couloir, et je débarquai dans la rue d'à côté. Ma traversée du couloir avait semblé durer des dizaines de minutes. Le soleil m'éblouit ; je me couvris les yeux, avant de me rappeler mes poursuivants anonymes et sans raison.
Je courus de plus belle, encore et encore, jusqu'à perdre haleine. Puis je bifurquai à droite.

Je croyais ne plus pouvoir courir, les poumons vides, la gorge sèche, le visage piqué par la poussière omniprésente qui salissait les rues,
quand,
enfin,
je la trouvai.
L'entrée.
L'entrée du parc. Un parc qui contrastait assez violemment avec les rues sèches, avec l'atmosphère tendue qui régnait dans la ville ; un parc luxuriant, moderne, calme, frais.
Ma porte de sortie.
Je fonçai tête baissée jusqu'à cette salvatrice issue, et enfin, j'atteins le parc. Et la grenade m'atteint...
mais elle m'atteint trop tard.
Encore une fois, j'aurai survécu.